Alors qu’on ne pouvait sérieusement douter de la persistance du conservatisme chrétien-social, l’attitude du LSAP pendant les discussions autour de la formation d’un nouveau gouvernement ne cesse d’étonner les jeunes libéraux. En effet, le manque d’engagement déplorable des socialistes les conduit à négocier davantage sur le nombre de ministres que sur le contenu de leurs portefeuilles. Dès lors, la reconduite de la coalition marque une continuité dans l’immobilisme, malgré le grand suspens dont on essaie d’entourer les délibérations – et qui sans doute ne fait qu’occulter les coups encaissés par les socialistes.
En plus, les jeunes libéraux restent quelque peu perplexes devant la nomination précoce de Viviane Reding en tant que commissaire européen. Si l’on avait vraiment, comme le prétendent les chrétiens-sociaux, écouté les électeurs, il aurait du moins fallu envisager la nomination de celui qui, de loin, a remporté le plus de suffrages, à savoir Charles Goerens. Qu’il n’en a pas été ainsi prouve encore que toutes les décisions importantes ont déjà été prises avant même les élections.
Que justement les libéraux, connaissant pourtant les difficultés d’un partenaire junior participant à une coalition, critiquent les socialistes peut paraître stupéfiant. Or, précisément, l’attitude du LSAP reste surprenante malgré son score électoral médiocre, qui, il est vrai, a nettement affaibli sa position. En effet, après le refus des verts et des libéraux de participer à la formation d’une coalition, voire même aux pourparlers précédant celle-ci, il aurait dû saisir la chance d’imposer de larges pans de son programme. S’il s’agit peut-être d’une attitude inconsciente, elle n’en est pas moins inquiétante.
Par ailleurs, il serait décevant que les jeunes socialistes se laissent satisfaire par un statu quo, surtout au regard de la présentation d’un propre programme électoral ambitieux, qui semble désormais être tombé aux oubliettes. Les jeunes libéraux espèrent que les JSL insisteront avant même la fin des délibérations auprès de leurs aînés pour que leurs priorités soient prises en considération, faute de quoi la rédaction de ce programme aura été une pure perte de temps.
Tout cela ne manque de donner l’impression que pour les socialistes, la rédaction d’un programme électoral n’est qu’un exercice purement formel, un os à ronger lancé aux militants et électeurs, qui, espérons-le, n’en démordront pas. Les jeunes libéraux tiennent à citer quelques mesures contenues dans ce programme, comme la création d’un enseignement des valeurs unique, le droit d’adoption et de mariage pour les couples homosexuels ou encore la légalisation de l’IVG jusqu’à la douzième semaine de gestation…des revendications libérales partagées par tous les partis du centre-gauche, qu’il s’agira de réaliser même contre les chrétiens-sociaux.
En attendant que la façade gouvernementale soit rénovée et des synonymes pour paraphraser une politique trop bien connue trouvés, les jeunes libéraux lancent un appel aux députés et à la société civile de faire pression, sachant que le Luxembourg a grandement besoin de réformes d’envergure.